vendredi 22 avril 2011

Entretien Fantasy.fr 2/2 - 2007

Interview de Pierre Boisserie et Éric Stalner parue sur le site Fantasy.fr en juillet 2007
Propos recueillis par Serge Perraud en mars 2007 et publiés sur le site Fantasy.fr le 11 juillet 2007

Voyages au pays de Stalner et Boisserie 2/2

On doit à Éric Stalner et Pierre Boisserie La Croix de Cazenac, une saga de dix tomes conjuguant chamanisme et espionnage sur fond de Grande Guerre, Voyageur, une nouvelle fresque en treize volumes où l’intrigue s’étend de l’Antiquité à la fin du 21e siècle, ou encore Flor de Luna, une série prévue en sept volumes sur la Havane. Ils animent séparément des titres comme La Liste 66 pour Éric Stalner, et Eastern pour Pierre Boisserie.

Serge Perraud les a rencontrés à l'occasion du Salon du Livre de Paris, en mars dernier [mars 2007, ndlr]. Voici la seconde partie de l'interview, consacrée à La Croix de Cazenac et aux autres projets des deux auteurs.

Quelle est l’incidence du Voyageur sur vos autres séries ? Je pense particulièrement à La Croix de Cazenac. Travaillez-vous différemment ?
Éric Stalner : Comment est-ce qu’on gère tout ça ?...
Pierre Boisserie : Justement, on a été obligés de changer de mode de travail, à la fois sur La Croix de Cazenac et sur une série que l’on fait ensemble, chez Glénat, qui s’appelle Flor de Luna. C’est une saga familiale autour des cigares et de Cuba, qui se déroule de 1820 à nos jours. Il était évident que l’on ne pouvait plus tout faire. Ce n’était pas possible. Surtout Éric. En plus, on a nos séries, chacun de notre côté. La solution a été trouvée de le soulager d’une part de son travail. C'est-à-dire que sur La Croix de Cazenac et sur Flor de Luna, Éric ne fait, entre guillemets, plus que le découpage et le crayonné de base et c’est un autre dessinateur qui vient compléter le travail. Sur La Croix de Cazenac, c’est Siro qui va faire le travail.
ES : On n’a pas pris des nazes… Ce ne sont pas des assistants, il n’y a pas l’idée de prendre des assistants. Ils sont aussi sur Voyageur. Donc Siro est sur La Croix de Cazenac, Éric Lambert, qui travaille pour l’instant chez Soleil, fait Flor de Luna avec nous. Il y a sept tomes à faire. Il a fini le crayonné et il fait l’encrage du premier. C’est une façon de bosser qui est très plaisante parce qu’il y a un côté travail en équipe.

J’imagine que vous avez, entre guillemets, la partie la plus intéressante ?
ES : Ben… pas forcément ! Non, non ! Cependant, je ne vais pas m’en plaindre car j’aime bien. Mais d’un autre côté, il faut le savoir, se le dire et accepter : cela ne nous appartient pas complètement. On a tendance, quand on est dessinateur, à s’approprier les personnages. Ben là, non ! C’est lui qui a le trait final, qui donne la dernière touche.
PB : Par contre, ce qui est saisissant, c’est de voir la différence de style qu’il y a entre les deux. Du « Stalner - Siro » est très différent du « Stalner -Lambert ». C’est super intéressant à voir.

Vous raccourcissez les cycles de La Croix de Cazenac : les deux premiers étaient de trois albums, les deux suivants seront en deux tomes seulement...
PB : Au départ, on a réduit à deux, effectivement, mais pour une autre raison. On avait une histoire à raconter. On savait ce qu’on voulait raconter.
ES : Mais on a pensé qu’on allait trop étirer, qu’on allait être amenés à rajouter plein de choses inutiles dans l’histoire.
PB : Du coup, on l’a fait en deux et le dernier cycle on le fait en deux également. Cela fait une série de dix albums, c’est bien !
ES : Dix, c’est déjà beaucoup. C’est une belle série.

La Croix de Cazenac se déroule sur le fond de la Grande Guerre, mêlant espionnage et ésotérisme sibérien. Que souhaitiez-vous montrer ?
ES : Je ne sais pas si on peut appeler ça de l’ésotérisme…
PB : Ce n’est pas aussi ésotérique que ça !
ES : Cela fait partie de la pensée sibérienne. C’est une pratique qui existe encore maintenant à travers le chamanisme. C’est quelque chose de tout à fait naturel, chez les Sibériens.
PB : Comme il l’est chez les Amérindiens… Quand on parle de Sitting Bull, s’il porte un nom de taureau, c’est parce que c’est son animal totémique. C’était un guerrier chaman. C’est une partie de leur histoire et de leur tradition. Donc, pour moi, ce n’est pas de l’ésotérisme. Et on a voulu intégrer cette nature dans certains de nos personnages parce que cela donne un côté un peu mystérieux et surtout un côté sauvage au caractère du personnage d’Étienne. À certains moments, il a un côté vraiment animal, voire bestial et différent des autres. Il est vraiment à part ! Et puis, il y a tout le mystère qui accompagne les croix…
ES : En fait, le but de notre histoire est de prendre un personnage, Étienne en l’occurrence, qui au départ s’ignore lui-même et se découvre en même temps que le lecteur et de l’accompagner. Il ne connaît rien sur lui-même, ni sur son histoire familiale et il va découvrir, peu à peu, ses racines et sa réelle personnalité. C’est de suivre la transformation de ce personnage qui nous intéresse.

Celle-ci n’est-elle pas trop spectaculaire ?
ES : Il se découvre dans la guerre. Il sent qu’il a, au fond de lui, quelque chose… un peu comme Capitaine Conan. Comme quoi, le séminaire mène à tout… jusqu’aux tranchées de Verdun !
PB : Mais la violence est quelque chose de naturelle et la violence des chamans est quelque chose d’encore plus fort. Et c’est à lui de la canaliser, tout en acceptant sa nature profonde. Effectivement, il met du temps à le faire. C’est donc, en fait, un parcours humain en même temps qu’un cycle d’aventures. Mais il y a des personnages qui, pour nous, sont humainement très forts, comme les deux frères.

Donc, votre actualité immédiate, c’est Voyageur chez Glénat et…
PB : Oui et La Croix de Cazenac. Sinon, on en a plein. Il y a Flor de Luna qui sort en juin. Éric a La Liste 66

Allez-vous poursuivre la série Le Roman de Malemort ?
ES : Il va y avoir une intégrale qui sort en fin d’année, mais cette est normalement finie. À un moment donné, je pensais en refaire d’autres. J’ai commencé un cycle et puis je me suis dis : « Non, je ne peux pas tout faire. » Donc, en fait, ça s’arrête là.

Et vous Pierre Boisserie, quelle est votre actualité ?
PB : Moi, j’attends que le T3 d’Eastern sorte, normalement en mai ou juin. En septembre, j’ai une nouvelle série qui démarre chez Dargaud et qui va s’appeler Dantès. C’est un Comte de Monte-Cristo moderne, dans les milieux de la finance, que je fais avec Érik Juszezak et Philippe Guillaume. Celui-ci est spécialiste dans le domaine financier et m’aide beaucoup au scénario
Sinon, je repars pour un Long Courrier avec Nicolas Bara, avec qui j’ai fait Le Chant des Malpas, chez Dargaud et qui a trouvé grâce aux yeux du public. Donc, on refait une autre histoire ensemble, qui sortira probablement en 2008. Un peu dans la même atmosphère fantastique.

interview © Serge Perraud / Fantasy.fr
visuels © Stalner - Boisserie / Dargaud - Glénat

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